Nana, ou l’immolation d’une reine. Une lecture de "Nana" d’Émile Zola
DOI:
https://doi.org/10.46584/lm.v24i2.715Keywords:
Zola, Nana, effervescence collective, consécration, exécration, crise sacrificielle, indifférenciationAbstract
Nous proposons une lecture du roman Nana d’Émile Zola du point de vue de l’anthropologie religieuse et de la sociologie des religions (Lévy-Strauss, Durkheim, Frazer, Mauss, Girard, Tarot). Nous démontrons que le personnage de Nana appartient au sacré, totalité complexe comprenant deux faces substituables, le pur et l’impur. D’où une Nana d’abord consacrée en Vénus, puis exécrée en Mouche d’Or, avant d’être reconsacrée la reine d’un Paris mondain. Ensuite, nous verrons que le nom même de Nana crée à trois reprises l’effervescence collective. L’enthousiasme de la foule atteste du caractère festif de la soirée qui lancera Nana en tant qu’actrice, demi-mondaine et véritable phénomène social. Or, au coeur de la fête il y a le sacrifice et nous en retrouverons les éléments: à côté de l’exécration, de la consécration et de l’effervescence collective, il y a la privation, la séparation, la destruction et l’idée de communion. Et finalement, la disparition du monde corrompu du Second Empire, condition nécessaire à la régénération de la société, nécessite la mort de celle qui est tenue responsable de sa corruption. Le jour même de sa mort, Nana sera remplacée par une victime de rechange: les hommes s’en allant à la guerre franco-prusienne.